g Le
Télégramme du 14/06/00
Deux
militants bretons interpellés par le GIPN
Un
couple de militants bretons : MariJo Mellouët et Fanch Bideault, membres
du parti politique Emgann a été interpellé, hier, à 6 h à son domicile,
à Tréméven, par les hommes du SRPJ de Rennes et de la section antiterroriste
de Paris. Pour cette opération, les policiers ont fait appel à leurs collègues
du groupement d'intervention de la police national. Le fameux GIPN (1).Les
policiers, lorsqu'ils le veulent, savent se faire discrets. Visiblement,
hier à 10 h, ils avaient choisi l'option inverse. Jugez plutôt.
Un
croissant entre les dents
Des
hommes avec gilet pare-balles, tout de noir vêtu version Ninja, avec un
super GIPN inscrit dans le dos qui déambulent le long du square Jean-Moulin
un croissant ou un pain au chocolat entre les dents, c'est pas courant.
C'est même surprenant. Puis ça se complique avec l'arrivée des journalistes.
Finie la pause. Vite, il faut mettre la cagoule. Qu'est ce qui se passe
? Pas le temps de comprendre. De nouveaux ordres semblent être arrivés.
Il est temps de passer à l'action. Agitation. Va et vient rapides entre
la gendarmerie et les voitures qui stationnent devant. Selon une indiscrétion,
dans quelques instants deux personnes qui viennent d'être arrêtées doivent
sortir. On ne sait pas encore qui c'est. Ouverture brusque de la porte
et apparition de MariJo Mellouët, les mains dans le dos, entravées par
des menottes. Celle que l'on connaît d'habitude toujours avenante et souriante
dès qu'il s'agit de défendre son commerce de la place Saint-Michel, a
le visage tendu. Une femme l'accompagne jusqu'à une Clio dans laquelle
elle s'engouffre.
Un
homme torse nu
A
nouveau la porte de la gendarmerie s'ouvre. Pour le témoin de base, la
scène est hallucinante. Un homme torse nu, les cheveux ébouriffés et les
mains entravées surgit. Il est encadré par trois hommes du GIPN. Ceux
qui le connaissent, l'on tout de suite reconnu. Il s'agit de Fanch Bideault,
le compagnon de MariJo Mellouët. Lui aussi disparaît dans une voiture.
Claquements de portières, gyrophares, klaxon deux tons, crissements de
pneus. Apparemment, les feux tricolores, c'est fait pour les autres. Et
hop, c'est fini. Huit voitures prennent la direction de Lorient (ou de
Rennes ?). Pour les initiés, le doute n'est pas permis. Le couple, bien
connu pour son militantisme au sein d'Emgann (2) a dû être interpellé
le matin même dans le cadre des coups de filets que mènent actuellement
les policiers suite aux deux attentats commis en avril contre les Mac
Do, à Pornic et à Quévert.
La porte a volé en éclats
Quelques minutes plus tard, l'info se vérifie. Une voisine du couple
qui vit à Kerlescouarn, à Tréméven, raconte. " Il devait être 5 h
45. J'ai été réveillée par des bruits. Cela ressemblait à des gens qui
couraient. Je me suis levée et je suis allée voir ce qui se passait. J'ai
alors aperçu des hommes en cagoule et casqués qui entouraient la maison.
Il y avait aussi des hommes en civil. En tout, ils devaient être une vingtaine.
Ils avaient dû venir de loin à pied parce qu'il n'y avait aucune voiture
dans le coin. Quelques minutes plus tard, MariJo qui était accompagnée
par une femme est venue me confier ses deux enfants. Ce sont eux qui m'ont
raconté la suite. Les policiers, pour entrer, ont fait voler en éclats
la porte de verre ".
Pas le temps de s'habiller
" Puis, ils sont montés brusquement dans les chambres avant de
rassembler tout le monde dans la cuisine. Fanch n'avait pas eu le temps
de s'habiller. Il était encadré par des hommes qui étaient casqués et
qui portaient une matraque. Pendant près de deux heures, ils ont fouillé
la maison de fond en combles. Puis MariJo est revenue me donner les clés
de la maison. Et ils sont partis ". Quelques minutés plus tard, ils
arrivaient dans les locaux de la gendarmerie de Quimperlé où les policiers
ont poursuivi pendant près de deux heures leurs investigations.
Yann
Le Scornet
(1) Deux autres couples ont été interpellés dans les secteurs de Fougères
et de Saint-Nazaire (lire par ailleurs en dernière page). (2) MariJo Mellouët,
35 ans et Fanch Bideault, 40 ans, ont participé, samedi dernier, à l'action
qui a consisté à rebaptiser la rue Jules-Ferry "rue Glenmor"
(voir Le Télégramme de lundi).
g
Le Télégramme
du 04/08/00
Interpellations
de militants : les femmes réagissent
On se souvient de l'arrestation mouvementée à Tréméven
en juin dernier d'un couple de militants bretons et du mouvement de sympathie
qui s'en était suivi. Des militantes bretonnes ou proches de militants
ont décidé de créer un collectif pour défendre
leurs droits et ceux de leurs familles. Elles entendent aussi informer
le grand public et mener une réflexion sur le militantisme et l'équilibre
familial. Hier à Quimperlé leur porte-parole Manu Bacon
a préenté les objectifs du collectif que l'on peut joindre
à son domicile de Tréméven. Les femmes du collectif
invitent les militants de tous bords à les rejoindre.
Militants bretons arrêtés : un collectif de femmes
Depuis octobre, les forces de l'ordre ont procédé à
une centaine d'interpellations de militants bretons ou de leurs proches.
D'où la création d'un collectif de femmes présenté
hier à Quimperlé."Les enfants ont toujours peur du
policier qui rentre par la fenêtre. Ils ne veulent plus rester seuls",
raconte une mère. Après I'arrestation on n'est plus pareil",
commente une militante interpellée en tant que témoin, puis
relachée après deux jours de garde à vue. Elles sont
désormais une cin-quantaine à garder le contact par téléphone,
courrier et via le Net, sur un site qu'elles viennent d'ouvrir. Toutes
ne sont pas des militantes."Au sein du collectif, on trouve des femmes
qui ont été interpellées, mais aussi des épouses,
des témoins des arestations, des proches qui ont pris des nouvelles
auprès du SRPJ pendant la garde à vue... Nous recueillons
leurs témoignages pour d'éventuelles actions en justice".
Les femmes ont posé une centaine de questions sur leurs droits
à un avocat. Le collectif attend du juriste consuIté des
réponses simples à des questions très pratiques.
Exemple : "Peut-on placer nos enfants à la DDASS ?" Ou
"Quand les policiers ont cassé une porte, est-ce qu'on peut
faire jouer l'assurance?".
g
Article
de Ouest-France - 02/06/01
Francis
Doussal a débuté sa grêve de la faim lundi (28 mai
2001 ) à minuit. En cette fin de semaine, les réactions,
notamment de certains hommes politiques du secteur, commecent à
arriver.
Le collectif des femmes a toujours cru bon de penser que la liberté
dexpression était une composante essentielle dun pays
démocratique. La France, état de droit, modèle international,
surprend et choque pourtant encore chaque jour un peu plus. Pour avoir
dénoncé publiquement les dérives dun système
industriel, en loccurrence léquarrissage francais,
un homme, Francis Doussal, est licencié par son entreprise. Pour
la défense de la liberté dexpression, pour le respect
de la personne humaine et contre la violence de
ce système basé sur la loi du silence, nous soutenons Francis
Doussal dans son combat et sa grêre de la faim.»
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