FAMILLES DE PRISONNIERS POLITIQUES BRETONS

g Conséquences de l'incarcération d'un proche

Depuis sept-99, c'est par dizaines que les familles ont été inquiétées et huit d'entre elles vivent au quotidien l'enfermement d'un ami, père ou mari.
Certaines de ces familles sont particulièrement inquiétées et subissent jour après jour un véritable acharnement de la part des forces de police.

L'éloignement (de Bretagne vers Paris) pèse lourd dans la vie quotidienne des familles .
Cela complique les démarches et augmente les difficultés de visites. La famille d'un détenu politique obtiendra un permis de communiquer seulement au bout de quelques mois, voire pas du tout, ce qui a été le cas d'une personne incarcérée pendant deux mois et demi, et qui n'a même pas eu le droit d'avoir la visite de sa mère.
Lorsque ce droit est accordé, c'est alors le véritable parcours du combattant. Il faudra en effet que la famille fasse plus de 800 kms aller-retour pour 1/2h ou 3/4h de parloir, voyages très fatiguants (physiquement et psychologiquement), qui se font en général dans la journée, avec la peur d'arriver en retard (il faut toujours arriver avant l'heure du rendez-vous au risque de se voir annuler le droit de visite).
La réglementation des droits de visite étant différente selon chaque prison, les familles ne peuvent pas se regrouper pour effectuer les voyages. Cette même réglementation et l'éloignement obligent certains visiteurs à prendre des jours de congé pour effectuer ces visites (les visites ne sont parfois possibles qu'en semaine). De plus, les interdictions de communiquer et le statut de D.P.S. entraînent des difficultés dans des prises de rendez-vous à la prison.
De ce fait, un prisonnier n'a pu voir ses deux filles mineures qu'au bout du 16ème mois de détention. Pour qu'un autre enfant mineur puisse voir son père célibataire, il faut trouver une personne pour faire le voyage Bretagne-Paris aller-retour dans la journée, avec lui, et une autre personne ayant un permis de visite pour le père détenu, pour que celui-ci puisse l'accompagner au parloir (un enfant mineur ne peut rencontrer seul un détenu, même son père).
Il n'existe pas de parloirs familiaux en France. Les visites ont lieu dans des "cagibis", peu éclairés, au sous-sol parfois, sentants mauvais, où deux visiteurs peuvent à peine s'y tenir. Le détenu et son visiteur sont séparés par une table qui prend la largeur de la pièce et empêche tout contact physique entre les deux personnes.

Ces voyages entraînent de lourdes dépenses pour un budget déjà amputé d'un salaire (parfois le seul salaire du foyer), et greffé de multiples frais "annexes" comme le pécule du prisonnier. Il est parfois nécessaire de déménager, de retisser un tissu social, souvent déjà altéré par l'emprisonnement.

Chaque visite est pour le visiteur une épreuve psychologique importante mêmes si elle est difficilement mesurable, notamment pour les enfants.

Les enfants sont victimes des mesures abusives et excessives exercées à l'encontre de leurs parents: témoins des arrestations et de leur violence la plupart du temps, dans l'impossibilité de les contacter pendant la garde à vue ou du moins d'en avoir des nouvelles, difficultés pour les visites, interdiction pour certains de visiter leurs proches en prison etc.
D'un point de vue juridique, nous savons qu'il existe de nombreux textes internationaux qui depuis la création de l'Unicef en 1946, garantissent de meilleurs droits aux enfants. Le dernier date de 1989 : la Convention Internationale des Droits de l'Enfant ratifiée par la France. Mais dans les faits nous constatons qu'une convention internationale ne peut être directement invoquée devant une juridiction française et que, lors de procédures pénales, la protection de l'enfant est quasi inexistante, particulièrement lors d'affaires politiques. Les enfants sont utilisés comme moyens de pression, particulièrement dans le système français basé sur l'aveu.
Le droit des enfants et de la famille d'être prévenus lors de l'interpellation est laissé au bon vouloir du procureur.

D'un point de vue médical, là aussi nous constatons qu'il existe un vide en matière de protection médico-psychologique de l'enfant : lorsque l'enfant vit des évènements violents, tels que l'interpellation de ses parents, leur détention, il subit un choc, une agression psychologique. L'enfant en tant que personne n'est pas pris en compte et aucune aide médicale ou psychologique ne lui est alors proposée, car le législateur (l'Etat) n'a pas trouvé opportun de mettre en place les structures adaptées.

En cas de séparation, notamment lorsque le ou les parents sont en garde à vue ou incarcérés, l'enfant perd ses repères, est souvent victime de mensonges, de non-dits et peut ressentir de la honte. Il est confronté à l'école à toutes sortes de situations le mettant mal à l'aise. Sa vie sociale peut en être bouleversée.

Des rouages plus efficaces et plus humains entre le détenu et le visiteur (notamment pour les enfants) doivent être mis en place, ce qui n'enlèverait rien à la privation de liberté. En plus d'être privé de liberté, ces hommes détenus sont privés de tous leurs rôles sociaux, et le plus important, de leur rôle de père.


Remarque : Les prisonniers politiques bretons sont tous systématiquement en détention dans la région parisienne, soit disant pour faciliter l'instruction alors que certains n'ont pas vu le juge depuis 9 mois...

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